Bras de fer avec l’Union européenne: un Conseil fédéral bien impuissant

La remise en cause du milliard de cohésion versé à l'Union européenne par la Suisse, en guise de protestation contre la décision des Européens de n'accorder qu'une équivalence boursière limitée dans le temps à la Suisse, montre à quel point le Conseil fédéral est incapable de peser dans le rapport de force.
Grégoire Barbey

L’Union européenne a décidé de n’octroyer une équivalence à la Bourse suisse que pour une durée d’un an, contrairement à d’autres Etats tiers (comme les Etats-Unis) qui ont obtenu une équivalence illimitée dans le temps. Cette discrimination à l’égard de la Suisse a bien évidemment fait réagir le Conseil fédéral. Malheureusement, ses déclarations ont plutôt fait la démonstration d’un gouvernement impuissant à peser réellement dans les relations (tendues en l’occurrence) avec l’Union européenne. Sa menace de réévaluer le versement du fameux milliard de cohésion paraît en effet bien maigre.

D’une part, l’octroi de ce montant de 1,3 milliard de francs pour des projets de développement des pays européens de l’Est n’a même pas encore été mis en consultation. L’Assemblée fédérale ne s’est donc pas encore prononcée sur le sujet. D’autre part, la Commission européenne estime que ce montant est une juste participation au développement des pays de l’Europe de l’Est qui ont adhéré à l’Union européenne. Cette extension du marché commun a bénéficié à ceux qui y participent, mais elle s’accompagne d’une grande disparité entre les anciens membres de l’Union et ses nouveaux adhérents de l’Est. Raison pour laquelle les Etats qui participent au grand marché unique sont appelés à verser leur obole.

Pour la période 2014-2020, le Fonds de cohésion de l’Union européenne est doté d’un budget de 63,4 milliards d’euros. La contribution de la Suisse serait sans doute appréciée à sa juste valeur par l’Union, mais n’en demeurerait pas moins marginale dans les dépenses engagées par ce fonds. Il y a dès lors fort à parier que cet élément ne pèsera pas lourd dans le rapport de force qui oppose une Union européenne toujours sur ses gardes à une Suisse qui peine année après année à s’accorder sur une attitude vis-à-vis de ce grand partenaire accusé de tous les maux depuis vingt-cinq ans.

Pire, l’utilisation de ce milliard de cohésion à des fins de chantage pourrait envenimer des relations qui n’ont vraiment pas besoin de ça. L’Union européenne acceptera-t-elle sans broncher la remise en cause de cette participation à la cohésion alors même qu’elle en fait un principe pour tous ceux qui participent au marché commun? C’est difficile à croire. Et c’est sans évoquer le contexte actuel d’une Union qui négocie avec le Royaume-Uni les modalités de leur divorce. Ce climat implique un durcissement de l’Union européenne vis-à-vis des Etats tiers, en particulier la Suisse qui jouit à travers les bilatérales d’une relation privilégiée.

Est-ce que la remise en question de ce milliard de cohésion est la seule arme du Conseil fédéral pour forcer l’Union européenne à réviser sa position concernant la durée limitée de la reconnaissance de l’équivalence boursière? Si la réponse est positive, cela démontre non seulement son incapacité à se montrer crédible sur le dossier européen, mais cela risque également de conduire à de nouvelles désillusions. Comment croire sérieusement que l’Union européenne va soudainement infléchir sa position pour ce montant somme toute assez dérisoire? Cela donne l’illusion aux quelques citoyens suisses un peu crédules que le Conseil fédéral tape du poing sur la table. Si le Conseil fédéral en est réduit à des effets de communication, c’est dire si l’avenir des relations avec l’Union européenne est encore loin d’être réglé.

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5 réponses sur “Bras de fer avec l’Union européenne: un Conseil fédéral bien impuissant”

  1. Encore une fois je lis votre blog avec plaisir,et cette fois je suis d’accord,la Suisse(politique et médiathique)) fairais mieux si elle reconnait d’une fois devant son peuple souverain qu’aujourd’hui,plus que jamais,sa petitesse la laisse en détresse devant un monde global.
    Ce n’est pas parce que je le dise mais j’aimerais aussi qu’un jour on en parle de la (à mon avis,bien sûr)lâcheté,de l’hypocrisie et aussi de l’intelligence, le narcissisme de Didier Burkhalter,le plus hypocrite des politiciens suisses depuis que je suis de près la politique Suissesse.
    Il savait bien ce qu’allait se passer après le Brexit et il voulait préserver sa cote de popularité aux dépens,en l’occurrence du naC/f M Cassis,et il est parti….pour écrire des livres de soi même
    Rafael

    1. Intéressante, votre analyse du caractère de Burkhalter, Rafael.
      En tous cas C’e qui est clair pour tout le monde en Suisse, maintenant, c’est qu’avec l’Union Européenne on a affaire à une bande de maîtres chanteurs qui s’imaginent qu’ils peuvent faire plier des peuples, et les contraindre à renoncer à tous leurs droits démocratiques, juste en leur imposant des chantages économiques. C mon avis, là l’Union Européenne a montré son vrai visage. Il est grimaçnt. Et tous ceux qui en Suisse n’avaient pas encore compris, auront compris maintenant.
      Pas d’accord avec Grégoire Barbey, la Suisse n’est pas du tout désarmée. Elle n’est désarmée que par la lâcheté de nos dirigeants, qui se mettent toujours à plat ventre devant Bruxelles. Nous pouvons suspendre rout payement de tribut à l’empire. Nous pouvons résilier l’accord de libre circulation des personnes. D’ailleurs nous avons l’obligation de le faire, puisque nous avons voté pour adopter l’article 121a dans la Constitution fédérale. Il suffirait pour nos autorités de cesser de trahir le pays. On serait tout de suite plus respectés. Et les autorités seraient de nouveau respectées par le peuple.

  2. Le milliard de cohésion est en effet une bien maigre somme en regard du budget européen. Son instrumentalisation donnerait l’impression que le Conseil Fédéral tire ses dernières cartouches et mettrait la Suisse en position de faiblesse. Et qui sait comment un « chantage » de la sorte serait perC’u par la commission et l’opinion publique européenne qui voit la Suisse et ses Bilatérales sous un autre prisme et avec d’autres préjugés, facilement alimentables quand on parle banque et finances.
    Si le milliard de cohésion fait figure de broutille, il en va tout autrement des près de 200 milliards d’euros investis en bons des trésors de nos voisins européens. D’ailleurs, la Banque Nationale, continue mois après mois, de financer les gouvernements de nos intangibles voisins en achetant de leur dette, allégrement plus que ce milliard dont tout le monde ici fait bien trop grande affaire.
    Si réellement nous souhaitions défendre nos intérêts, nous utiliserions les atouts dont nous disposons, de la même manière que l’Europe utilise les siens et sans se gêner. La Suisse a une grande force, qu’elle garde pour elle: la vigueur et la résilience de son économie ainsi que la rigueur de ses finances publiques qui tout deux se matérialisent dans la force du Franc. Le Franc et sa force que tout le monde ici dépeint comme une calamité, que la Banque National peine à faire baisser n’y parvenant qu’à grand renfort d’exportation de capitaux.
    Exportation de capitaux… le voilà notre atout!
    Tout se passe dans l’ombre, mais voilà près d’une dizaine d’années que notre banque centrale se doit de diluer la force du franc pour le maintenir dans le sillage des autres principales devises qui baissent aussi certainement que les dettes de leurs gouvernements respectifs augmentent. D’un bilan stable de l’ordre d’une centaine de milliards jusqu’en 2007, celui-ci est passé à plus de 800 milliards aujourd’hui, presque intégralement placés en devises étrangères dont plus des 2/3 le sont dans des titres d’états. Mais dans une perspective de long terme, que vaut un titre de créance sur un état qui jamais n’a pu tenir un budget équilibré, depuis 1974 par exemple (suivez mon regard).
    L’Europe serait prompte à dénoncer la mesquinerie suisse si le milliard de cohésion était remis en cause. Mais personne ne songerait à vous reprocher de bien gérer vos économies. Et ces vaniteux bons du trésors européens commencent de plus en plus à ressembler à du papier à mouches. Prendre l’initiative (ç fait longtemps tiens) de ne plus en acquérir, juste pour voir… et (se) mettre en tête de s’en délester petit à petit créerait beaucoup de remue ménage qui ferait plaisir à observer depuis nos montagnes.
    Et oC9 désormais placer cette manne* ?
    L’agitation se transforme en bousculade!
    *Manne qui se doit de demeurer en devise étrangères pour continuer de lester le Franc dans l’océan de liquidités d’aujourd’hui.

  3. Le milliard de cohésion est en effet une bien maigre somme en regard du budget européen. Son instrumentalisation donnerait l’impression que le Conseil Fédéral tire ses dernières cartouches et mettrait la Suisse en position de faiblesse. Et qui sait comment un « chantage » de la sorte serait perC’u par la commission et l’opinion publique européenne qui voit la Suisse et ses Bilatérales sous un autre prisme et avec d’autres préjugés, facilement alimentables quand on parle banque et finances.
    Si le milliard de cohésion fait figure de broutille, il en va tout autrement des près de 200 milliards d’euros investis en bons des trésors de nos voisins européens. D’ailleurs, la Banque Nationale, continue mois après mois, de financer les gouvernements de nos intangibles voisins en achetant de leur dette, allégrement plus que ce milliard dont tout le monde ici fait bien trop grande affaire.
    Si réellement nous souhaitions défendre nos intérêts, nous utiliserions les atouts dont nous disposons, de la même manière que l’Europe utilise les siens et sans se gêner. La Suisse a une grande force, qu’elle garde pour elle: la vigueur et la résilience de son économie ainsi que la rigueur de ses finances publiques qui tout deux se matérialisent dans la force du Franc. Le Franc et sa force que tout le monde ici dépeint comme une calamité, que la Banque National peine à faire baisser n’y parvenant qu’à grand renfort d’exportation de capitaux.
    Exportation de capitaux… le voilà notre atout!
    Tout se passe dans l’ombre, mais voilà près d’une dizaine d’années que notre banque centrale se doit de diluer la force du franc pour le maintenir dans le sillage des autres principales devises qui baissent aussi certainement que les dettes de leurs gouvernements respectifs augmentent. D’un bilan stable de l’ordre d’une centaine de milliards jusqu’en 2007, celui-ci est passé à plus de 800 milliards aujourd’hui, presque intégralement placés en devises étrangères dont plus des 2/3 le sont dans des titres d’états. Mais dans une perspective de long terme, que vaut un titre de créance sur un état qui jamais n’a pu tenir un budget équilibré, depuis 1974 par exemple (suivez mon regard).
    L’Europe serait prompte à dénoncer la mesquinerie suisse si le milliard de cohésion était remis en cause. Mais personne ne songerait à vous reprocher de bien gérer vos économies. Et ces vaniteux bons du trésors européens commencent de plus en plus à ressembler à du papier à mouches. Prendre l’initiative (ç fait longtemps tiens) de ne plus en acquérir, juste pour voir… et (se) mettre en tête de s’en délester petit à petit créerait beaucoup de remue ménage qui ferait plaisir à observer depuis nos montagnes.
    Et oC9 désormais placer cette manne* ?
    L’agitation se transforme en bousculade!
    *Manne qui se doit de demeurer en devise étrangères pour continuer de lester le Franc dans l’océan de liquidités d’aujourd’hui.

  4. Nous ne parlons pas ici, d’un problème relationnel entre deux fédérations de nations : la Suisse, et l’Europe.
    Nous exposons ici, les effets visibles et nuisibles de luttes d’influences entre des élus, en charge de gérer le bon usage de nos contributions publiques. Ils sont supposés défendre l’intérêt commun. Nos représentants sont censés proposer des Lois, pour mettre en place des équilibres, afin de porter un progrès. Le vrai, celui qui va profiter à tous, y compris aux générations suivantes.
    Au lieu de cela, ils jouent le jeu des luttes d’influences des grands spéculateurs, manipulateurs sur cette planète qui tirent les ficelles des grands déséquilibres financiers. Depuis quand avons-nous abandonné le contrôle de nos gouvernances aux directeurs trésoriers ? Pourquoi devraient-ils décider de ce qui est « bien » ou pas, surtout sous le prétexte fallacieux d’un meilleur rendement, d’une meilleure rentabilité. Ils doivent nous surveiller et s’assurer de ne pas exiger des rêves démesurés et inaccessiblesb& Et encore ! Ces grands dirigeants de la Finance, ces moins de 1’000 multimilliardaires planétaires, devraient-ils se mettre au service des peuples, pour trouver des moyens pour rendre nos plus beaux rêves possibles !
    Alors, nous pourrions réellement les appeler des B+ Business Angels B; !

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