Quand est-ce que l’école publique intégrera l’apprentissage du code et des protocoles dans ses programmes? Il ne fait aucun doute que ces éléments sont déjà indispensables pour comprendre les mécanismes technologiques qui régissent une bonne partie de notre organisation en société (et ce phénomène va continuer de prendre de l’ampleur).
De la même manière que savoir lire et écrire dans sa langue a été une étape importante pour favoriser l’émancipation des individus, la connaissance des langages, et par-là les standards qui s’y rattachent, avec lesquels fonctionnent les technologies que nous utilisons au quotidien sera nécessaire.
Parce que la place qu’occupent les technologies dans nos sociétés ne va cesser de grandir, la compréhension de leur fonctionnement ne doit pas rester l’apanage d’une minorité, au risque de recréer petit à petit les mêmes disparités qui existaient à l’époque où seule une petite caste était en mesure de connaître les arcanes de l’écriture et de la lecture.
Et pour ceux qui sont sceptiques, posez-vous une question simple: lorsque vous achetez une technologie parce qu’elle vous est utile, savez-vous tout ce qu’elle est en mesure de faire, y compris ce qui n’est pas noté sur le mode d’emploi, ou devez-vous faire confiance à l’entreprise qui vous l’a vendue?
L’auteur de ces lignes n’en est pas capable. Et pourtant, il utilise de nombreuses technologies au quotidien. Cela signifie que les rapports entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas lire et écrire dans ces langages est basée sur la seule confiance, alors que tout un chacun devrait être à même de vérifier que le produit acheté n’a pas des usages cachés, par exemple la collecte de données, de la même manière que toute personne qui aujourd’hui est en mesure de lire et d’écrire peut rédiger et/ou signer un contrat, et donc connaître les modalités de son engagement.
Mais cela va même au-delà. Car l’usage des technologies ne se limite pas au business. L’Etat y a recours également, y compris dans ses rapports avec les citoyens. La compréhension des différents langages numériques et des standards protocolaires est donc bel et bien déjà indispensable, et le sera encore plus à l’avenir, pour autant que l’on veuille favoriser l’émancipation des individus. Pour l’instant, seules les personnes ayant la maîtrise de ces instruments peuvent prétendre avoir la main sur les technologies qu’elles utilisent et/ou développent. Cela doit changer, et vite.