Une bien triste image de la politique genevoise

Les vociférations des uns et des autres contribuent-elles vraiment à réduire les dégâts d'image de l'affaire Maudet? Il y a lieu d'en douter fortement.
Grégoire Barbey

Il n’aura pas fallu très longtemps aux nouveaux députés pour faire toute la démonstration de l’agitation permanente à laquelle est soumise la politique genevoise. A ce titre, l’affaire Maudet prend l’allure d’un stress test pour les institutions, plus particulièrement pour le Grand Conseil. Certes, le comportement de Pierre Maudet est politiquement indéfendable.

Mentir à tout le monde, pour une raison qui demeure encore obscure, est une faute majeure, d’autant plus de la part de ce politicien hors-norme qui semblait jusqu’ici placer en principe fondamental l’exemplarité. Mais pour l’heure, le conseiller d’Etat en disgrâce fait le choix de ne pas démissionner. Pour circonscrire l’incendie, ses collègues du Conseil d’Etat lui ont retiré la charge de la présidence, ainsi que de son autorité à l’égard de la police et de la justice, et la tutelle de l’Aéroport.

Le Grand Conseil n’a aucun pouvoir légal pour forcer un conseiller d’Etat à démissionner. Il n’existe pas à Genève de procédure de destitution, ni comme en France de motion de censure à l’égard d’un gouvernement qui chuterait immédiatement si une majorité parlementaire exprimait sa défiance à son endroit. Cet état de fait n’empêche toutefois pas la coalition de gauche au Grand Conseil de préparer une résolution invitant Pierre Maudet à démissionner, selon Radio Lac. A quoi bon? Derrière une inquisition politique basée sur des principes moraux vertueux (transparence, vérité, respect, etc.), la gauche fait en réalité la démonstration publique de son empressement à provoquer une élection complémentaire.

La valse des interviews dans les médias permet déjà de dresser le profil des candidats potentiels. Ceux qui sont les plus virulents, faisant constamment appel à des valeurs transcendantes, reprochant à Pierre Maudet un crime plus grave encore que tous les autres crimes: le mensonge, ne cachent pas très bien leur exultation. On les sent trépigner d’impatience. Prêts à saisir eux-mêmes le poignard qui mettra fin à l’existence politique de Pierre Maudet, héraut d’une droite aujourd’hui bien empruntée puisque sa locomotive électorale est dans une situation qui paraît presque inextricable.

Pierre Maudet a sali la politique, chantent-ils en chœur. Leur objectif n’est pas de servir des intérêts personnels, mais de sanctionner un comportement inacceptable. C’est du moins ce qu’ils essaient, bien maladroitement, de faire croire. Cette attitude contribue-t-elle à rendre la politique plus intéressante et compréhensible aux yeux des citoyens? Disons-le franchement: ces députés se croient à l’Eglise. Ils veulent s’ordonner prêtre pour prononcer l’excommunication à l’égard du pécheur. Ces thuriféraires de la morale auraient pourtant bien d’autres leviers pour inciter Pierre Maudet à démissionner. A commencer par le rejet de toutes les propositions qu’il fera à l’avenir au Grand Conseil, si sa crédibilité est tant entachée.

Puisque le conseiller d’Etat a fait le pari de continuer à se battre, seule la démonstration qu’il ne trouvera plus de majorité parlementaire pour soutenir son travail peut le conduire à tirer sa révérence. Les résolutions, elles, ne sont que des cris ayant pour seul objectif de donner du lustre à celles et ceux qui s’octroient soudain la fonction de gardien du temple. Malheureusement, à moins de prendre les gens pour plus idiots qu’ils ne le sont, les véritables intentions de ces vociférations sont limpides: devenir calife à la place du calife. Quelle belle image pour la politique genevoise. – (Grégoire Barbey)

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Une réponse sur “Une bien triste image de la politique genevoise”

  1. C’est vrai de la gauche comme de l’UDC sur ce coup. Je dois dire que je suis déçu de l’attitude des seuls UDC Genevois que j’estimais acceptable. Surtout celui qui se voit déjà candidat…

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