Les calculs d’épicier des moralistes

Le vice-président du PLR Ville de Genève Vincent Latapie s'étonne qu'aucune démission n'ait été demandé à la suite des révélations de la Cour des comptes sur les notes de frais des élus de la Ville de Genève.

A la suite des révélations médiatiques sur Pierre Maudet, les moralistes de tous bords n’ont pas hésité à monter au front, s’époumonant à exiger la démission immédiate du conseiller d’Etat, bafouant au passage l’un des fondements de notre démocratie: la présomption d’innocence.

Ainsi la présidente du parti socialiste genevois d’alors nous a fait part de ses états d’âme affirmant sur un plateau de télévision qu’elle s’était «sentie salie» (sic!).

Le vice-président du Parti socialiste en Ville de Genève n’a pas manqué de déverser sur la toile son dégout, n’hésitant pas à partager une caricature de Pierre Maudet arborant un nez à la Pinocchio, sur une affiche digne des propagandistes d’une autre époque.

Idem pour le nouveau chef de groupe socialiste, trop heureux de saisir cette occasion pour se faire connaître des médias et de la population.

Le président du PDC lui-même s’en est, lui aussi, donné à cœur joie déplorant la maladie d’une République qui ne se remettrait qu’à la faveur du départ du conseiller d’Etat.

Tous convoquent la morale, la démocratie, le juste et le bon, en se plaçant du bon côté, évidemment.

Or, quand est-il aujourd’hui? D’autres ont été pris les doigts dans le pot de confiture. Il s’agit des élus au Conseil administratif de la Ville de Genève, qui, eux, ont tous été épinglés par la Cour des comptes pour avoir pris dans la caisse de l’argent public afin de régler leurs frais de bouche et autres dépenses. Tout cela sur le dos des contribuables et ce malgré les salaires pharaoniques dont ils bénéficient.

La situation de Pierre Maudet est examinée par la justice qui dira, dans le temps qui est le sien, si l’élu a commis un délit pour un voyage. Voyage qui, au demeurant, n’a pas coûté un sou au contribuable genevois et n’a très certainement fait l’objet d’aucune contrepartie. Gageons que ces moralistes de tous bords donneront de la voix pour que la situation des élus de la Ville soit examinée par la justice.

Or, étrangement, celles et ceux qui avaient hurlé à la démission se sont tus d’un seul coup. Cela serait-il dû au fait qu’au nombre des fautifs figurent des membres de leur parti respectif, deux magistrats du Parti socialiste, une magistrate du parti des Verts, un magistrat d’Ensemble à Gauche et un magistrat PDC?

Non seulement, cette gauche moraliste tente de minimiser les fautes de ses élus, arguant notamment que la Cour des comptes aurait été agressive mais, en plus, elle essaie de se déresponsabiliser en déviant le viseur sur le seul magistrat de droite, ce «golden boy» (selon les termes du communiqué du Parti socialiste).

Du point de vue de l’épicier, piquer dans la caisse est ce qu’il y a de pire.

Sur le plan politique piquer dans la caisse ce n’est visiblement pas si grave.

Ces moralistes ont fait leur choix: ils préfèrent laisser piquer dans la caisse du peuple plutôt que de voir un élu côtoyer des gens fortunés.

Cette attitude a coûté la tête d’une brillante politicienne, ce que l’on peut regretter, fût-elle de gauche.

Vincent Latapie
Vice-président du PLR Ville de Genève, avocat

Partager cet article

Facebook
Twitter
Imprimer
Email

Une réponse sur “Les calculs d’épicier des moralistes”

  1. Donc en gros… le moraliste de droite aime pas les moralistes de gauche?

    Rien de nouveau sous le sole… heue, non… sous les nuages.

Laisser un commentaire