Défaite historique de l’UDC dans le canton de Neuchâtel ce dimanche 2 avril 2017. La section cantonale a perdu onze sièges sur les vingt qu’elle possédait au sein du Grand Conseil. Une députation qui soudain se réduit de moitié, et un président de parti qui se liquéfie littéralement, affirmant ne pas comprendre les raisons d’un si cuisant échec. Et pourtant, Yvan Perrin ne manque pas d’éléments pour expliquer ce désaveu cinglant de sa stratégie et de sa politique.
Yvan Perrin est, sur le plan humain, une personnalité courageuse. Atteint dans sa santé psychique, il démissionne en 2014 du Conseil d’Etat, où il avait obtenu un siège historique. Il ne s’en est jamais caché, et cela l’honore, car les maladies psychiques, dont la dépression, sont souvent considérées comme honteuses par ceux qui en sont victimes. Bref, Yvan Perrin a traversé le désert comme cela peut arriver à tout un chacun, et est revenu sous les feux des projecteurs l’an dernier, reprenant les rênes d’une section neuchâteloise bien mal en point.
Malheureusement, Yvan Perrin a signé son retour avec un certain esprit de revanche. Son discours, déjà franchement marqué très à droite à l’époque, s’est largement radicalisé. Pour preuve, les nombreux articles qu’il a publiés sur un site notoirement raciste et xénophobe ces derniers mois. Des mots très durs à l’endroit de ses adversaires politiques, une posture rigide, une attitude qui trahissait bien souvent une grande amertume ont transformé l’image d’un homme autrefois touchant par son humanité en un idéologue d’extrême droite infréquentable.
Les flots d’une haine mal contenue se sont déversés pendant plusieurs mois sur les réseaux sociaux, dans la presse et plus largement sur internet. Yvan Perrin s’est particulièrement illustré fin janvier à l’annonce de la fermeture du magazine romand L’Hebdo en se réjouissant de ce sort funeste. Et il n’a pas caché sa fierté de n’avoir pour ce journal et les gens qui le composaient que du mépris et de l’intolérance. Le président de l’UDC neuchâteloise a imprimé sa marque sur sa section, allant jusqu’à déposer récemment une initiative au titre malheureux «Les nôtres avant les autres» pour lutter contre l’afflux de frontaliers venant travailler dans le canton.
L’aventure politique d’Yvan Perrin trouve dans cette défaite historique une fin tragique. C’est la triste illustration que l’esprit de revanche est rédhibitoire. Cet homme qui avait su trouver les mots justes et touchants pour décrire son propre malheur se tait désormais, sans doute de peur de devoir exprimer la réalité: son retour en politique n’aura été que de courte durée.
Une réponse sur “Yvan Perrin, le glas de l’amertume”
Il pourra fonder un club avec Freysinger