Retraites: les socialistes abdiquent sans lutter

Le suivisme du Parti socialiste en faveur de la réforme des retraites, pourtant pas spécialement en accord avec les positions du parti, surprend.
Grégoire Barbey
Quelle étrange époque, quand même. Voir la base du Parti socialiste suisse accepter une réforme des retraites qui consacre une nouvelle fois une baisse du taux de conversation (passant de 6,8% à 6%, mesure qui sera appliquée en quatre an, soit une réduction de 0,2% par année) et augmente l’âge de la retraite pour les femmes de 64 ans à 65 ans a quelque chose de surprenant.
Le fait que la réforme soit portée par un représentant socialiste au Conseil fédéral, le Fribourgeois Alain Berset, n’y est sans doute pas étranger. On a pourtant connu le Parti socialiste et celles et ceux qui le composent plus combatifs s’agissant des acquis sociaux. Certes, la réforme améliore certains aspects du système actuel, notamment en réduisant le seuil d’accès au deuxième pilier. Mais sur l’essentiel, le message est clair: la pérennité de la prévoyance vieillesse n’est garantie qu’à condition de réduire toujours davantage les prestations.
Et de faire corréler, inévitablement, l’augmentation de l’espérance de vie à l’âge de départ à la retraite. Comme si notre société instaurait l’horizon indépassable du travail, et que les avancées sociales et scientifiques, notamment en matière de soins et d’accessibilités à ces derniers ne pouvaient que conduire à rallonger la durée légale de la contrainte salariale.
Quelle étrange socialisme que celui-là, un socialisme de gouvernement, qui prouve que l’exercice du pouvoir corrompt même les idéaux les plus nobles. Ainsi donc, le Parti socialiste ne luttera pas contre cette réforme, et ne défendra donc pas une vision alternative à celle proposée par le Conseil fédéral et acceptée par la majorité de l’Assemblée fédérale. La résignation l’a emporté. Dont acte.

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