Le plein emploi en Suisse est un mythe

Le taux de chômage suisse est calculé de manière particulière. Explications.
Grégoire Barbey

La Suisse est en situation de plein emploi! C’est en tout cas ce que disent les statistiques mensuelles du Secrétariat à l’économie (Seco) de la Confédération: le taux de chômage se situe en moyenne autour des 3% au niveau national. Certains cantons latins (Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura) connaissent des taux plus élevés: d’environ 4,3% à 5,2% (pour le mois de juin). En comparaison, le taux de chômage français est de près de 10%, et de près de 8% pour la moyenne des pays membres de l’Union européenne (8,7% pour la zone euro). Mais les calculs du Secrétariat à l’économie sont particuliers et reposent sur une méthode qui diffère de celle de l’Organisation internationale du travail.

La Confédération se base en effet sur les chômeurs inscrits auprès d’un Office régional de placement (ORP). Ce n’est pas le versement d’indemnités qui est prépondérant dans cette définition, mais la disponibilité immédiate du demandeur d’emploi. En l’occurrence, les personnes en situation de gains intermédiaires ou placée en mesure par leur ORP ne sont pas comptabilisés dans la statistique du taux de chômage. Cela n’est pas un scoop et la singularité de cette méthode de calcul est connue. Pourtant, l’Office fédéral de la statistique (OFS) propose chaque trimestre une perspective du marché de l’emploi selon la méthode employée par le Bureau international du travail (BIT). Pour les trois premiers mois de 2017, le taux moyen suisse s’élève à 5,3%. La Neue Zürcher Zeitung relevait en juin que le taux de la région lémanique se situe à près de 9% selon la méthode du sondage pratiquée par l’OFS, qui ne se limite donc pas aux seules personnes inscrites dans des ORP.

Malgré cette différence de méthodologie entre le Seco et le BIT, nous continuons à présenter le chômage tel que nous le définissons en Suisse. Pourquoi? La réponse est avant tout politique. A qui sert en premier lieu le mythe d’une Suisse en situation de plein-emploi? Aux milieux économiques. Puisque la Suisse a le privilège d’avoir un taux de chômage si faible, c’est bien la preuve que la politique économique actuelle est la seule qui permette de garantir à notre pays une situation favorable à l’emploi. Comprenez: le système économique libéral fait ses preuves, il n’y a donc pas lieu de le réformer, et moins encore de réguler certains secteurs. L’importance de ce taux de chômage dans le débat suisse n’est pas à démontrer: les milieux économiques le martèlent sans cesse, en comparant bien évidemment les pays qui nous entourent.

Le mythe du plein emploi, bras armé de la politique économique libérale

Le mythe d’une Suisse complètement indifférente aux forces économiques qui agitent et perturbent les Etats voisins a encore de beaux jours devant lui. Bien sûr, la Suisse se porte économiquement mieux que la majorité des pays membres de l’Union européenne. Ce n’est pas notre propos. Nous affirmons ici que ces statistiques servent avant tout des intérêts politiques. Ce n’est guère surprenant: les statistiques ont toujours été – et resteront sans doute à jamais des données politisées. Si la méthodologie statistique est objective, ce sont les données considérées qui permettent de leur faire dire ce que l’on veut. En Suisse, le taux de chômage ne reflète en aucun cas le nombre de demandeurs d’emploi dans le pays.

La législation fédérale portant sur le chômage est sans cesse renforcée pour compliquer la vie des demandeurs d’emploi. Le nombre de chômeurs en fin de droit augmente mois après mois, et ces personnes ne sont évidemment plus comptabilisées dans les taux de chômage mensuels présentés par le Seco. Les personnes en fin de droit ne sont pas moins à la recherche d’un emploi que lorsqu’elles bénéficiaient de leurs indemnités journalières. Il s’agit pourtant d’un transfert de charge: plutôt que d’être à l’assurance chômage, ces demandeurs d’emploi se retrouvent à l’aide sociale, une situation nettement moins évidente puisque les montants sont forfaitaires et tout le monde est logé à la même enseigne.

Absence totale de volonté politique

Il y a en Suisse un manque de volonté politique évident en matière de mesures favorisant le retour à l’emploi. Parce qu’en présentant des statistiques épurées et franchement enviables pour le reste du monde en matière de chômage, l’objectif politique est atteint: les mesures économiques décidées par la majorité politique se voient confortées dans leur efficacité. Pourquoi donc peindre le diable sur la muraille si notre pays se porte si bien par rapport aux autres? Nous reviendrons prochainement sur l’inanité de certains fonctionnement des ORP, induits par une loi sur l’assurance chômage assez déconnectée de la réalité moderne du marché du travail.

Le conseiller d’Etat socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard confiait récemment à la RTS avoir «très mal vécu les incessantes attaques contre la hausse des coûts du social. Regardons les chiffres: par rapport à 2009, plus du double de chômeurs en fin de droit chaque mois, à cause d’une loi sur l’assurance-chômage votée par les mêmes qui, aujourd’hui, se plaignent des coûts de l’aide sociale. Nous avons un marché du travail plus dur et une loi sur le chômage plus dure. C’est logique qu’il y ait davantage de précarité!»

Pourquoi un pays présentant un taux de chômage proche du plein emploi s’engagerait dans des réformes économiques et de l’administration? Tant que la situation sera présentée sous son meilleur jour, les Suisses (en particulier du côté alémanique) continueront à craindre les menaces des milieux patronaux lorsque ces sujets leur seront soumis en votation populaire. Et c’est bien là tout l’enjeu de ces statistiques: s’assurer un soutien politique indéfectible balayant toute remise en question profonde. Le débat sur l’emploi en Suisse est pourtant plus que jamais nécessaire, à l’heure où le marché se transforme profondément et où la situation des jeunes et des séniors s’aggrave année après année. Nous le disons donc ici sans détour: il est grand temps de tenir un langage clair sur les questions liées à l’emploi et à l’économie en Suisse. Le mythe du plein emploi ne sert que des intérêts particuliers.

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35 réponses sur “Le plein emploi en Suisse est un mythe”

  1. Voilà un point de vue peu objectif… tous nos voisins triturent les statistiques à des fins politiques, d’une façn ou d’une autre…. dire que la Suisse à finalement un taux équivalent à nos voisins, c’est bien mal connaître leur situation…

    1. Vous m’avez mal lu: j’ai bien précisé qu’il fallait utiliser les mêmes méthodes que l’Organisation internationale du travail. Même en appliquant cette méthode, la Suisse reste bien en-deC’à du taux de chômage de l’Union européenne. Je n’ai jamais prétendu le contraire.

      1. Ba alors; de quoi vous plaignez-vous? Votre chronique est tellement orientée politiquement… avec le coup de grâce à la fin: « par rapport à 2009, plus du double de chômeurs en fin de droit chaque mois, à cause dbune loi sur lbassurance-chômage votée par les mêmes qui, aujourdbhui, se plaignent des coûts de lbaide sociale ». Voilà. On a plus de chômeurs à cause de l’UDàet des vilaines lois qu’elle a fait voter avec la droite bourgeoise. Bien sûr, il ne vous viendrait pas à l’esprit que cette augmentation, très faible comparativement avec nos voisins, pourrait être liée à un contexte économique mondial particulier; ni que la faute n’est pas forcément uniquement imputable à l’Etat fédéral ou aux cantons. Vous savez, la notion de responsabilité individuelle…

        1. J’ai toujours assumé mon partis pris, même si je ne défends aucun parti. En l’occurrence, votre propos semble assez éloigné de ce que j’ai écrit. Le transfert de charge est aussi à mettre sur le dos du durcissement de la loi sur l’assurance chômage, mais il y a bien sûr des effets conjoncturels.

        2. Oh là ! Ce qu’il dénonce c’est la politique de l’autruche. Ce n’est pas en ignorant un problème réel que l’on va pouvoir le régler, au contraire, cela va empirer et nous n’aurons bientôt plus rien à envier à aucun voisin..(à part peut-être encore l’Autriche et le Liechtenstein). Parole d’un double diplômé trilingue forcé à devenir indépendant (=précarité, court-terme et hors statistiques) dans un marché saturé de demandeurs d’emplois.

  2. Sans parler de ceux qui n’ont pas droit à l’aide sociale tant qu’ils ont un peu d’économies. Dans quelles statistiques sont-ils ?

  3. Bonsoir,
    Vous avez parfaitement raison : les statistiques du Seco ne représentent pas la réalité. De plus les ORP, à part gérer administrativement le dossier du chômeur, ne servent strictement à rien pour l’aider dans la recherche d’un nouvel emploi.
    Je suis chômeur depuis une année et demi, licencié à 58 ans et remplacé par un frontalier après 20 ans comme responsable technique… C’est l’aide sociale qui m’attends …
    J’ai écris récemment au Seco pour dénoncer les propos d’une de ses responsable dans l’émission Forum de la RSR… je n’ai jamais reC’u de réponse !
    Meilleures salutations

    1. Comme vous, je perds mon emploi auprès d’une société privée Suisse, remplacé par un frontalier, cette dernière est occupée à 75% de françis et/ou frontaliers. La variable Shengen dans le sujet des pertes d’emplois et du ch^mage n’est pas une variable contrôlée. Comme il est dit plus haut et dans un article de presse paru ce jour, 5,5% d’aide de l’hospice général au genevois, soit une augmentation de 2,3 % depuis 2005. Ces personnes, en âge de travailler, sortent defacto des statistiques ch^mages. Nous avons voté en février 2014 pour une régulation plus contrôlée des mouvements frontaliers france>suisse mais sur Genève elle reste à constater. Sans parler de la santé HUG et des TPG, les frontaliers sont engagés jusqu’en dans les fonctions de l’Etat impôts etc. il est évident comme le disait récemment M.Poggia sur son blog, que la main dbEuvre compétente existe en Suisse. Quelque chose devrait changer !

  4. Et il faut pas oublier les gens employé a 20 voir 10% qui ne peuvent pas vivre de leur emploi. C’est tres fréquent dans la vente de détail…

  5. Le plein emploi (moins de 1% de chômage) a disparu pendant la crise des années 1990-1995 et depuis il n’est pas revenu à un tel niveau. Les gouvernements fédéraux et cantonaux se cachent derrière des chiffres manipulés qui ne reflètent pas la réalité, cela leur permet de se reposer sur leur lauriers .
    Ils laissent donc les ORP gérer « au mieux » la masse de chômeurs inscrits sans proposer de politique efficace, par exemple des plans de reconversion en entreprise pour éviter l’exclusion du monde du travail. Aujourd’hui encore, soit 25 ans plus tard, les ORP ne réalise AUCUN bilan de compétences , pré requis à toute action sérieuse !
    On sait que plus l’attente est longue, plus dure est la chance de retrouver un emploi et donc logiquement, il ne faut pas attendre des mois pour agir , mais dès la perte de d’un poste il faut évaluer les compétences et décider soit de les compléter si le marché correspondant est porteur, soit proposer une reconversion dans le cas contraire.
    ç serait aussi un atout pour les PME qui ne peuvent pas se permettre d’engager, elles n’auraient pas à assumer les frais, mais le suivi de formation et de qualification.
    Il n’est jamais trop tard pour agir …

  6. La Statistique, c’est bien connu, est la troisième forme du mensonge. Ce qui en fait un gadget fort prisé des politiciens, de la gauche , et accessoirement des journalistes itou de gauche, c’est bien connu. Et Monsieur Barbey, bloguer, s’y vautre sans retenue et agrave une prédisposition à la mauvaise fois en s’adonnant à la pratique du mensonge lorsque il passe habillement sous silence le fait que les « autres pays », à l’instar de la Suisse, pratiquent les mêmes biais statistiques. Mensonge par omission, mais omission qui l’arrange bien.

    1. Chère Emilie,
      vous n’avez pas compris le texte de M. Barbey (peut-être parce qu’il va à l’encontre de votre idéologie?). L’article n’est pas une digression gauchiste mais pointe très clairement une lacune des statistiques publiques suisses qu’il conviendrait – en toute objectivité – de corriger car elle donne une vision biaisée de la réalité. Donc cela n’a rien à voir avec la situation dans les autres pays (qui d’ailleurs font mieux que la Suisse car ils utilisent la définition internationalement reconnue du BIT)

  7. Sympa l’article. Vous auriez pu rajouter que les cantons comme Genève exportent leurs chômeurs sur Vaud ou France voisine. Sans oublier la hausse de l’aide sociale (hospice)… Genève est sûrement vers les 8%.

    1. Effectivement des cantons peuvent exporter leurs chômeurs, mais combien de frontaliers prennent des boulots qui pourraient être fait par des chômeurs ? des dizaines de milliers …

  8. Ayant été au chômage vers la fin des années 90, je confirme i) la nature mensongère de ces chiffres et ii) l’inutilité des ORP. Malheureusement, tant que les autres pays vont moins bien, les Suisses peuvent continuer à se flatter de la perfection de tous leurs systèmes.
    Actuellement le destin des plus-de-50-ans me choquent le plus. Nous savons pertinamment qu’à partir de la cinquintaine la personne licenciée – pour quelque raison que ce soit – est plus ou moins foutue, sauf s’il a eu une carrière mirobolante. Or la majorité des salariés n’est pas hors-norme (par définition même).
    Et ceci ne risque pas de changer, parce qu’à 50 ans, on a un peu marre de se battre. La plupart des aînés sont des gens plutôt obéissants et respectueux. Les autorités ont sans doute compris que le risque de mettre ces gens à l’aide sociale est moins grand qu’avec les plus jeunes et fougueux. Honte à eux.

  9. Merci pour cet article qui dévoile pour une fois la réalité du terrain! Travaillant dans le domaine social, je ne peux que confirmer la difficulté de se réinsérer quand on a de faibles qualifications, qu’on connait le chômage de longue durée, qu’on atteint la cinquantaine si ce n’est pas la quarantaine, voire qu’on accumule toute cette série de non-entrée en matière aux yeux des employeurs! En espérant que de tels sujets seront abordés un jour par de plus nombreux médias qui dans notre pays ne semblent définitivement que vouloir nous annoncer de bonnes nouvelles, aussi trompeuses qu’elles puissent être, cela avec le soutien des politiciens si loin de la réalité de la majeure partie de la population!

  10. Evidemment que les statistiques sont truquées. Mais vous aurez beau changer de méthode statistique ce n’est pas ç qui va créer des emplois.
    Il faut bien voir que si la Suisse attire des entreprises qui créent des emplois c’est qu’elle offre – ou plutôt offrait – à ces entreprises des conditions cadres attrayantes. Et ç c’est une question politique.
    Pourquoi croyez-vous que la Suisse a attiré tellement de sièges d’entreprises étrangères? C’est parce que la Suisse n’est pas dans l’Union Européenne pardine! Autrement elles ne viendraient pas. Ces entreprises ne sont pas folles.
    Et pourquoi la Suisse est-elle en train de perdre tous ses emplois bancaires? C’est parce que nos autorités se sont couchées devant l’OCDE et ont bazardé le secret bancaire sans même essayer de le défendre. Que dis-je? C’est bien pire que ç encore. On est allés au devant des demandes de l’étranger et on a cédé encore plus que C’e qu’ils demandaient. On a fait du zèle dans le démolition d’une place financière suisse qui avait pris un siècle à bâtir et qui était numéro un dans le monde.
    Pour combattre le chômage, dans un pays comme la Suisse avec des hauts salaires, il faut : A) garder les entreprises et les emplois qu’on a. C’est à dire qu’il fallait garder la place financière suisse avec ses centaines de milliers dé emplois et encore plus d’emplois induits. Et B) il faut en attire d’autres, en plus.
    Bon voila, la Suisse avait commis un suicide économique en tuant elle-même, pour le plaisir, et parce que Mme Widmer-Schlumpf avait été élue et réélue uniquement pour ç, sous prétexte de lutter contre le « populiste » Blocher, mais en fait pour tuer les banques suisses. C’était le deal avec les socialistes. Une fois que ç a été fait, la classe politique à été d’accord de rétablir la concordance.
    En attendant les dizaines de milliers d’employés de banque qui sont restés sur le carreau peuvent dire merci.
    Et ç ne fait que commencer, la descente aux enfers des banques suisses.
    Donc M. Barbey, si on a une situation de l’emploi qui se dégrade gravement ce n’est pas une question de statistique. C’est qu’on est gouvernés par une bande de puceaux gauchistes dopés à la moraline et dignes de Jean Ziegler, qui ont bazardé tous les avantages de la place financière suisse.

    1. Au prochain commentaire comportant des insultes, je supprimerai toutes vos interventions futures. Sans vergogne. Un minimum de correction s’impose pour participer à un débat constructif.

      1. Qui ai-je insulté? En tous cas pas vous. Ah les puceaux gauchistes, c’est ç qui vous a choqué? Je parlais de nos gouvernants. Ca leur ressemble, vous ne trouvez pas?

        1. Ouin ouin….Vous êtes un défenseur de l’évasion fiscale qui enrichit les banques au detriment de certains pays.

          1. @DOMINIQUE JAUFFRES
            Si vous voulez, je suis celà. Je dirais plutôt que je suis un défenseur du principe de réalité : la guerre contre la Suisse, que la Suisse a hélas perdue, n’était en aucune manière une guerre pour l’éthique et la morale. C’était une guerre hypocrite et sans scrupules pour se débarrasser d’un concurrent: la Suisse.
            Je ne suis pas d’accord pour que la Suisse et ses forces de travail qui ont absolument besoin de ce genre de jobs, soient les dindons de la farce, cocue et contente, à cause des soi disant scrupules de conscience de quelques idiots utiles qui se croient moraux et sont en fait les meilleurs auxilliaires de nos ennemis.

  11. Bon, j’ai montré que la classe politique suisse, par sa lâcheté, a bazardé un des secteurs les plus florissants et pourvoyeurs d’emplois : le secteur bancaire. Voyons maintenant comment nos autorités font pour en attirer d’autres. Et garder les entreprises qui sont encore là, et dont la présence peut en attirer d’autres.
    Une partie du chômage des cols blancs, causé par la perte du secret bancaire à Genève, a pu être absorbé par le développement à Genève du négoce de matières premières et notamment du pétrole.
    Il faut bien voir que notre pays ne peut s’en sortir que s’il a un avantage comparatif. Soit un savoir faire exceptionnel et une tradition comme dans l’horlogerie, dans la chimie pharmacie, soit un cadre favorable pour les activités financières, et eci signifie une protection du secret bancaire, le secret des affaires, la discrétion, etc. Même si nos autorités ont montré à la face du monde qu’on ne pouvait plus compter sur la Suisse (puisqu’elles sont sacrifiés les clients des banques) il y a encore, étonnament, une certaine réputation de la Suisse dans le domaine financier (de même il y a des gens qui croient que la Suisse est encore neutre) et c’est C’e qui a a permis l’arrivée à Genève de plusieurs grandes sociétés de négoce.
    Hier soir soir au téléjournal on appris que la société ADDAX PETROLEUM met la clé sous le paillasson à Genève. Combien d’emplois à la trappe? Certainement mais plusieurs centaines, et de bons emplois, très bien payés.
    Et pourquoi ce désastre? ADDAX avait été fondée par Jean-Claude Gandur, qui a fait parler de lui avec ses projets de déposer son importante collection d’art au Musée de Genève. ADDAX possède et exploite des gisements pétroliers, notamment au Nigeria. Monsieur Gandur est devenu milliardaire en revendant son affaire à la compagnie pétrolière chinoise SINOPEC, qui avait l’intention de s’installer durablement à Genève et d’en faire son centre international. La présence du géant pétrolier Chinois SINOPEàétait une chance incroyable pour Genève.
    Evidemment, qui dit négoce de pétrole avec l’Afrique, la Chine, etc., sait que celà de comporte des opérations pas toujours de la plus grande transparence, si on veut se maintenir dans ce business. Il faut savoir ce qu’on veut. Si on veut rester blanc comme neige, il faut renoncer à ce genre de business. Il faudrait peut-être essayer la vente d’eau bénite au lieu du pétrole, mais ç créerait moins de places de travail.
    C cause des règles stupides de « compliance » imposées à la place financière, et acceptées lâchement par nos autorités quand elles se sont couchées devant nos ennemis qui voulaient nous prendre le secret bancaire, les réviseurs d’ADDAX se sont crus obligés de signaler certains versements au Nigeria qui leur paraissaient peu clairs. ADDAX qui estimait avoir agi dans la stricte légalité, n’a pas apprécié cet excès de zèle des réviseurs (DELOITTE sauf erreur) qui par ailleurs ne se sont pas gênés pour facturer leurs honoraires juteux. ADDAX a donc saqué le réviseur en question et en a nommé un autre. Sur quoi le parquet a été alerté (dénonciation du réviseur pour se venger, ou excès de zèle du parquet?) Et le directeur d’ADDAX a été arrêté, ce qui a fait l’effet d’une bombe en Chine oC9 les gens croyaient encore que la Suisse était un pays sérieux oC9 on peut faire des affaires.
    ADDAX a affirmé n’avoir rien à se reprocher. L’enquête aurait pu se poursuivre et n’aurait certainement prouvé aucune faute, d’autant plus que s’agissant d’enquêtes menées au Nigeria, difficile de trouver des preuves. Seulement voila, SINOPEàne voulait pas que cette affaire se prolonge et a donc préféré payer une amende de 30 millions pour que l’affaire soit classée.
    Celà semble être devenu le nouveau sport à Genève, pour renflouer les caisses de l’Etat : extorquer des amendes exorbitantes aux entreprises pour classer des enquêtes qu’on n’aurait jamais dû ouvrir. Une méthode discutable, car cela dégoûte ces entreprises qui par conséquent s’en vont. Et finalement le fisc est perdant, car une amende de 30 millions c’est beaucoup d’argent, bien sûr, mais ce n’est rien comparé aux impôts qu’une société comme ADDAX aurait payés dans les années à venir si elle était restée.
    Car bien entendu si deux semaines après avoir payé cette amende SINOPEàannonce la fermeture de son bureau de Genève, c’est que les dirigeants de cette entreprise, c’est à dire tout simplement l’état chinois, n’a pas avalé d’avoir dû perdre la face (très important la face pour les Chinois) et subir un véritable racket de la part du procureur de Genève. Car SINOPEàreste convaincue qu’elle a agi conformément aux règles et n’a rien à se reprocher.
    Evidemment que si la Suisse, ce pays pauvre, avait réussi à conquérir des positions d’importance mondiale dans le domaine financier, c’est parce que nos autorités jusqu’à une époque récente savaient régler ce genre de problèmes discrètement et sans faire de vagues. Eh bien c’est fini. Les Suisses ont perdu leur principale qualité qui avait fait leur succès. C’est terrible.
    L’affaire ADDAX va causer un tort immense à la place financière suisse.
    Dans un article d’aujourd’hui Le Temps conteste cette interprétation. Ces journalistes vivent vraiment dans un monde imaginaire! Comme Peter Pan. Une société agro alimentaire chinoise s’installe à Genève nous dit ce grand journaliste. Donc ç prouverait selon lui que l’affaire ADDAX n’aurait pas eu d’incidence.
    Heureusement que ce monsieur est journaliste et non pas homme d’affaires. Dans le commerce d’alimentation, il n’y a pas le même genre de risques liés à la compliance que dans le négoce ou la finance. Donc on peut peut-être encore ouvrir une société agro alimentaire en Suisse. Mais pour le négoce et la finance, il est bien évident que la réputation de Genève a pris un coup terrible à cause de l’arrestation du directeur d’ADDAX et de l’amende injustifiée infligée à la société.
    Qui osera encore ouvrir une nouvelle société de négoce à Genève? Et en plus, maintenant l’impérialisme américain, devant lequel la Suisse s’est mise à plat ventre honteusement dans l’affaire du secret bancaire, a remis des sanctions contre la Russie. Il y a des sociétés à Genève qui traitent le pétrole russe. Alors on va voir si la Suisse est encore un pays neutre, c’est à dire un pays qui n’applique pas les sanctions. Parce que si la Suisse devait appliquer des sanctions aux sociétés qui font le négoce de pétrole russe, alors là à ne va pas arranger les choses.
    On va voir si Geneve est capable de maintenir sa position actuelle dans le négoce. C’est mal parti.
    Mais j’oubliais, le problème c’est les statistiques…

    1. Addax Petroleum ne fait pas de négoce à Genève, c’est une société d’exploration et de production

      1. @PETIT DC TAIL
        Je ne connais pas spécialement Addax. Tout ce que j’en connais est ce qu’on pouvait en lire dans les journaux.
        Vous avez peut-être raison, mais ç ne change rien.
        Même si Addax est une société uniquement dbexploration et de production, il n’en reste pas moins qu’elle va être fermée à cause de l’impéritie des autorités genevoises. (Et d’ailleurs comment pouvez-vous exclure que SINOPEàaurait pu par la suite développer un centre mondial à Genève pour ses activités de négoce ?)

    2. Monsieur ouin ouin, Vous n’avez pas répondu à votre propre question, c’est-à-dire comment A) garder les emplois qui existent et B) comment en attirer d’autres.
      A la place, vous vous êtes lancé dans une diatribe en défense des escrocs. Si je vous ai bien compris, il fallait laisser faire ADDAX, parce qu’ils seraient irremplaçbles, les affaires frauduleuses devraient être tolérées et les litiges réglés dans le secret. Vous me semblez dénué de toute éthique, de toute morale.
      A part d’argent, de quoi rêvez-vous la nuit?
      D’autre part, je vous signale que le négoce et la finance ne sont pas les seuls secteurs de l’économie suisse.

      1. @GRORK
        Qui vous permet de parler d’escrocs? C’est diffamatoire et la société ADDAX pourrait vous faire un procès.
        Le ministère public a publié un communiqué officiel dans lequel il est dit que: B+Les procureurs genevois ont enquêté pendant quatre mois de manière approfondie, en procédant à de nombreuses auditions, analyses et perquisitions. Tout en considérant qu’aucune intention délictueuse n’avait pu être établie par les autorités de poursuite, les prévenus ont reconnu d’éventuels manquements et déficits organisationnels au sein d’AddaxB;.
        Ou voyez-vous de l’escroquerie? A moins que vous définissiez comme escroc tout homme d’affaires international qui a du succès et gagne de l’argent.
        Et vous me dites que « le négoce et la finance ne sont pas les seuls secteurs de lbéconomie suisse ». Donc si je comprends bien, vous pensez que, puisque ce ne sont pas les seuls secteurs, on s’en fout. On peut se permettre de les faire fuir de Suisse sans regrets.
        Je lis ceci dans la presse (Tribune de Genève 08.08.2017):
        B+A la Chambre de commerce et de lbindustrie, Alexandra Rys nous met sur une piste: B+La Chambre déplore les licenciements en cours, mais au moins se déroulent-ils dans un secteur qui se porte bien et génère 4% du PIB suisse.B; B;
        Si vous pensez (alors que le secteur bancaire est parti pour des décennies de profond marasme à cause de l’incompétence de nos autorités qui l’ont sacrifié), qu’un secteur nouveau qui se développe et génére déjà 4% du PIB suisse , ne mérite pas qu’on prenne des égards pour qu’il ne quitte pas notre pays, c’est votre opinion peronnelle.
        On n’est pas obligé de vous suivre.

  12. On peut y ajouter les mères au foyer qui souhaitent reprendre une activité mais sont « inaptes au placement » tant qu’elle n’ont pas trouvé de garde fixe pour leurs enfants… il faut donc avoir d’abord une solution pour faire garder ses enfants, avant même de pouvoir s’inscrire au chômage et sans savoir si on va trouver du travail ! Une absurdité de plus quand on n’a pas de revenu et qu’on sait combien coûte une journée de garde.

  13. Un bon article qui met en lumière un point important. Merci.
    Toutefois, je m’étonne que l’article et ses commentateurs ne soient pas plus critique envers la définition du chômeur selon le BIT: https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1129
    Je trouve cette définition idiote, car il suffit de travailler une semaine pour ne pas être chômeur. Admettons toutefois qu’il n’y aura jamais de définition objective du chômage.
    Parmi les mille façns possibles de faire des statistiques, il me paraîtrait par plus intéressant, pour comparer les différents pays, de comparer les revenus disponibles et l’accès aux services (de bases ou autres) des 10% les plus pauvres de la population dans chaque pays, puis des 10% suivants, etc.
    La préférence monomaniaque des statisticiens, des politiques, des médias et autres pour le taux de chômage relève sans doute beaucoup de la paresse intellectuelle, mais aussi d’une volonté ronronnante de ne rien remettre en cause.
    Il faut, par exemple, à tout prix mettre dans la tête des gens que le travail est forcément synonyme de dignité, même quand il est inutile, malsain et dégradant et qu’il ne rapporte pas plus d’argent que les prestations sociales.

    1. Vous avez raison, la définition du BIT est également critiquable. Mais elle sert de référence, c’est sur ce point que j’ai abordé mon article. La Suisse veut faire différemment, et donc présente des chiffres bien plus sexy, c’est tout.

  14. Même chose avec l’assurance maladie… on nous présente 4% d’augmentation en moyenne sur la prime de base.

    Ce qu’on « cache »:
    – Les prestations de base ont vu leur prix exploser en parallèle à la baisse d’autres prestations plus lourdes – On justifie ça avec l’idée de mieux rémunérer les généraliste, les pédiatres. Reste que c’est ce que va payer la majorité des Suisses avec leur franchise…. Donc on a des coûts à la charge de l’assurance qui passent sur des coûts à charge de l’assuré. (et après on s’étonne que les Suisses ne vont pas chez le médecin sauf lorsque leur cas devient critique!).
    – 4% sur la prime de base, cela correspond à en moyenne à 12-14% sur la franchise à 2500.-. Bizarre de parler que de la franchise de base quand une majorité de Suisse on une franchise plus élevée!!
    – Prochaine étape, augmentation de la franchise de 50.- (et une partie de l’augmentation de l’année prochaine cachée). On rajoute des frais entre 15-40.- pour ceux qui vont chez le médecin de base – et je n’ai pas vu dans les articles que cela touchera que les gens à la charge de l’assurance maladie!
    – On met en place des règles comme les 10% pour éviter d’agir sur les coûts! Sur les brevets (licence obligatoire) comme par exemple proposé par « public eye ».

    Bref c’est saoulant que notre gouvernement trafique les chiffres afin d’éviter de s’attaquer aux coûts.

  15. J’ai toujours trouvé malhonnête la comparaison des chiffres du SECO avec ceux des pays voisins. Ceci-dit, lorsqu’on sait ce qu’on compare, cette statistique reste intéressante au niveau Suisse.
    1) Les chiffres du chômage calculés selon les normes OIT/BIT sont basés sur une enquête par échantillon. Ce genre d’enquête coûte cher et ne peut fournir des résultats que pour la Suisse dans son ensemble et pour les grandes régions. Pour la Suisse romande Genève Vaud et Valais sont regroupés, bien que le marché du travail y soit très différents. L’intérêt de la statistique basée sur les chiffres du SECO est que l’on peut avoir des résultats bien plus détaillés au niveau géographique, ce qui revêt une grande importance pour les politiques économiques ou sociales régionales et locales. La statistique selon les normes BIT ne pourra jamais vous dire combien il y a de chômage à Sion, Renens, Yverdon ou Vernier. Les chiffres du SECO sont donc intéressants à ce niveau : ils permettent de comparer l’évolution dans le temps de zones géographiques bien plus petites, car ils sont basés sur des registres exhaustifs.
    2) La statistique du SECO fournit toujours deux chiffres : le nombre de chômeurs, mais aussi celui des demandeurs d’emploi : les offices de statistique officiels publient toujours les deux. Ce deuxième chiffre reste toujours inférieur à celui de l’enquête sur la population active, car seules les personnes inscrites dans un office de placement y figurent, ce qui signifie que l’on y trouvera aussi des fins de droits (tant qu’ils ne se découragent pas), ou d’autres personnes pas immédiatement disponibles..

    Comme avec toutes les statistiques, il faut rester conscients des limites des chiffres utilisés et éviter de comparer des pommes et des poires ou des oranges. Mais il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain.

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