Une législature sous le signe du compromis politique

Les principaux dossiers que devront traiter le Grand Conseil et le Conseil d'Etat ne pourront pas aboutir si les forces en présence refusent de faire des concessions.
Grégoire Barbey
La nouvelle législature 2018-2023 qui a commencé le mois dernier à Genève va être particulièrement intéressante. Durant ces cinq années, le Grand Conseil et le Conseil d’Etat vont devoir réaliser des réformes conséquentes, attendues et pour le moins délicates. Ce sera l’occasion pour le canton de Genève de s’essayer au compromis politique, ce que le président du Conseil d’Etat Pierre Maudet appelait d’ailleurs de ses vœux dans son discours de Saint-Pierre. Les dossiers qui nécessiteront une large approbation – au-delà des intérêts partisans – sont nombreux.
 
Il y a d’abord la réforme de l’imposition des entreprises (PF 17), laquelle devrait réduire le taux d’imposition ordinaire des sociétés actives à Genève d’environ 24% actuellement à 13,49%. Il s’agit d’un dossier central, qui ne pourra guère souffrir des retards auxquels les Genevois sont se sont habitués. L’essentiel de la réforme dépend de la Confédération, et les élus ainsi que les partenaires sociaux devront trouver des accords rapidement pour que la réforme cantonale puisse être adoptée sans heurts. Or, jusqu’ici, chaque partie semble s’être figée dans des positions indiscutables. C’est là qu’il faudra travailler sans relâche pour que chaque acteur de ce dossier puisse y trouver son compte.
 
L’échec de la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE 3) en 2017 a déjà passablement retardé le calendrier. Une aubaine pour Genève, qui n’était alors pas parvenu à établir un véritable compromis dans ce dossier. Cette réforme devra rassembler un maximum de partis. C’est-à-dire que la droite du Parlement, qui souhaite une mouture la plus en phase avec les intérêts de l’économie, devra accepter de donner à la gauche des contreparties solides, comme a su le faire le canton de Vaud. De son côté, la gauche devra également accepter de revoir quelque peu ses lignes rouges si des garanties lui sont données en ce qui concerne la pérennité des finances publiques ainsi qu’une imposition juste des entreprises. Ce dossier va décidément ressembler à un véritable «stress-test» quant à la capacité des uns et des autres à faire des concessions dans l’intérêt du plus grand nombre.
 
De même, les dossiers de la Caisse de pension de l’Etat de Genève (CPEG) et de la réforme de la grille des rémunérations des fonctionnaires (Projet Score) vont également faire appel au sens du compromis des députés et des partenaires sociaux.
 
Sur ce plan, le Conseil d’Etat devra démontrer sa capacité à proposer des projets rassembleurs. Le gouvernement devra donc être à l’écoute des doléances des uns et des autres, pour ne pas s’aliéner des forces politiques importantes et nécessaires pour une large acceptation de ces réformes. Le président du Conseil d’Etat Pierre Maudet devra faire la démonstration de toute sa subtilité pour créer des ponts entre les différents partis qui défendent des intérêts parfois diamétralement opposés. C’est sur les épaules du libéral-radical que reposera la responsabilité de créer une véritable dynamique d’équipe au sein du Conseil d’Etat. Et pour cela, il va falloir dépasser les habituels mantras partisans pour pourfendre les blocages qui jalonnent habituellement la vie de la cité genevoise.
 
Car en plus de ces trois dossiers brûlants, d’autres politiques publiques attendent des réformes d’envergure, et surtout de larges compromis pour aller de l’avant. Citons-en trois: la région du Grand Genève, le logement et les transports. Ici aussi, les oppositions de principe et les blocages systématiques devront être balayés au profit d’une réflexion qui dépasse les clivages. Genève et ses habitants le méritent.

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