Le match de football qui s’est déroulé le samedi 28 juin 2007 à Carouge et qui opposa une équipe polonaise formée de « Stars », comédiens et artistes, au FC Variété de Genève fut l’aboutissement d’un projet un peu fou lancé par Monsieur Miroslaw Tlokinski, Polonais d’origine, et Genevois de cœur, maître de sports et entraîneur de football à Genève.
Miroslaw Tlokinski fit dans les années 70 et 80 les beaux jours de Widzew Lodz, club avec lequel il fut meilleur buteur de Pologne en 1982-1983. Cette époque fut aussi celle de ses exploits au plan national avec les clubs de Gdynia, de Gdansk puis ses épopées internationales, avec l’équipe de Pologne des années 1980 et aussi les succès glanés en coupe d’Europe. Joueur d’exception, Miroslaw Tlokinski continua sa carrière en France, au Racing Club de Lens, puis en Suisse où il s’engagea très fortement au profit de la formation des jeunes. Aujourd’hui encore, sa passion est intacte.
Le match de bienfaisance joué en 2007 au Stade de la Fontenette, sur la pelouse du FC Carouge du Président Brodard, constitua un geste de solidarité – un terme que la Pologne connaît bien – au profit du soutien aux enfants orphelins en Pologne. Miroslaw Tlokinski estimait en effet que chaque petit geste compte, afin de soulager la souffrance des enfants. Il souhaitait rappeler, en organisant ce match, que la souffrance des enfants, de même que leur solitude, sont inacceptables.
Les autorités genevoises furent sensibles à cette initiative puisque la Présidente du Grand Conseil, Madame Anne Mahrer, honora la manifestation de sa présence et que l’auteur de ces lignes eut l’honneur de représenter Monsieur Robert Hensler, Chancelier d’Etat et d’adresser aux organisateurs le message de soutien du Conseil d’Etat. Le coup d’envoi fut donné par S.E. Monsieur l’ambassadeur Zdzislaw Rapacki, Représentant permanent de la Pologne auprès des Nations Unies à Genève.
Le match fut gagné par le FC Variété après une partie endiablée qui laissa quelques traces sur les molets endoloris de quelques joueurs des deux camps. Mais rassurez-vous, ce fut tout de même une partie de plaisir et peu importe le score… A l’issue de la partie, une réception avait réuni les organisateurs et les participants dans les salons de la Mission permanente de Pologne auprès des Nations Unies à Genève. Ce moment de convivialité nous donna l’occasion d’évoquer la grande figure de l’écrivain genevois Georges Haldas. Dans La Légende du football publiée en 1989, Georges Haldas avait bien raison en écrivant que » au fond, parler de football, c’est parler de tout un aspect de l’humanité « .
La relation au temps dans le football est un autre élément qui fascine depuis longtemps les artistes et les auteurs. «Le temps du foot n’est pas linéaire», selon Georges Haldas : « Dans un match, la moitié des spectateurs espère un but que l’autre moitié redoute. Dans chaque passe vers le but, le futur est déjà présent. Le temps est télescopé. Quand un but est marqué, le public s’affaisse ou se dresse – signe physique qu’il retombe dans un temps linéaire. Ce temps télescopé donne au football une intensité dont les gens n’ont pas conscience.» En guise de conclusion, je vous livre cette réflexion de Sartre: «Au football, tout est compliqué par la présence de l’équipe adverse».